Pesticides : Ecophyto 2, le plan de la « dernière chance »

Le Ministre de l’agriculture dévoilera vendredi les bases du nouveau plan Ecophyto, suite au rapport remis au Premier Ministre par le député Dominique Potier le 23 décembre 2014. Pour France Nature Environnement (FNE) ce nouveau plan constitue la dernière chance pour réduire l’usage des pesticides, dont les agriculteurs sont les premières victimes, et engager enfin l’agriculture française dans l’agro-écologie.

 

 

Agriculteurs : premiers utilisateurs, premières victimes

 

Premiers utilisateurs de pesticides, les agriculteurs le paient tout d’abord par leur santé. Dans son expertise collective publiée en juin 2013, l’INSERM avait bien pointé du doigt « une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte », notamment la maladie de Parkinson et le cancer de la prostate.

 

Le fait que des agriculteurs victimes de pesticides se soient regroupés au sein d’une association appelée Phyto-Victimes témoigne bien de l’ampleur du problème.

 

Pour José Cambou, secrétaire nationale de FNE : « Les maladies professionnelles liées à l’exposition aux pesticides sont davantage reconnues aujourd’hui, grâce à l’engagement des mutuelles agricoles et des lanceurs d’alerte. Des données chiffrées commencent à être disponibles ; par exemple, en Midi-Pyrénées il y a une surreprésentation des assurés du régime agricole parmi les malades de Parkinson (20%)[1]. Nous attendons beaucoup des nouveaux dispositifs de phytovigilance confiés à l'ANSES par la récente loi d'avenir agricole, qui permettront de mieux analyser les impacts sanitaires des pesticides. »

 

Une utilisation qui ne baisse pas

 

Issu du Grenelle de l’environnement, le premier plan Ecophyto, adopté en 2008, avait pour objectif de réduire de moitié l’utilisation des pesticides en France en 10 ans. Aujourd’hui, malgré des dizaines de millions d’euros dépensés[2] et la mise en place de nombreuses actions (formations, recherche, fermes de démonstration), c’est un constat d’échec : l’usage des pesticides, loin de diminuer, a même augmenté de 5% en zones agricoles 2009 et 2013[3].

 

Pour Claudine Joly, en charge du dossier à FNE : « Il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le plan Ecophyto était de qualité. Mais face à l’absence de résultats, il faut renforcer les actions et activer tous les leviers qui permettront de réduire l’utilisation des pesticides par les agriculteurs : la formation, bien sûr, mais aussi l’évolution des aides de la PAC, la fiscalité, la réglementation. »

 

Marie-Catherine Schulz-Vannaxay, chargée de mission agriculture, ajoute : « Il faut aussi impliquer l’amont et l’aval. Les agriculteurs ne sont pas seuls responsables. Ils traitent aussi parce qu’ils sont conseillés par des coopératives qui vendent des pesticides, ou parce que les entreprises agro-alimentaires et la grande distribution exigent des produits standardisés. Cela doit changer. Le choix du consommateur sera déterminant aussi. »

 

Ecophyto, pilier de l’agro-écologie

 

Réduire de moitié l’usage des pesticides nécessite de revoir en profondeur les systèmes de production : choisir des variétés résistantes aux ravageurs et aux maladies, mettre en place une rotation des cultures sur les parcelles agricoles, combattre les ravageurs en laissant faire les prédateurs naturels qui trouvent refuge les haies, les bosquets, les mares… Il existe donc un lien indissociable entre le plan Ecophyto et l’agro-écologie, qui consiste à produire de l’alimentation en utilisant la nature comme une alliée et non comme une contrainte. De nombreux agriculteurs sont déjà engagés dans cette voie, ce qui montre que c’est possible.

 

Jean-Claude Bévillard, Vice-Président de FNE en charge des questions agricoles, conclut : « Dans son rapport, Dominique Potier a intégré la réduction de l’usage des pesticides dans le projet agro-écologique du Ministre de l’agriculture. Nous attendons du Ministre qu’il reprenne, en les renforçant, les préconisations du député pour engager résolument l’ensemble des agriculteurs français dans cette nouvelle manière de produire qu’est l’agro-écologie. »

 

 

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