Trame nocturne

Trame nocturne

 

Plusieurs articles et réunions traitent du Schéma Régional de Cohérence Ecologique. Or un élément fragmentant des habitats n’est jamais pris en considération : la pollution lumineuse.   

Toute tentative de corridor écologique est vouée à l’échec si on ne tient pas compte de la qualité de l’environnement nocturne.

La vie est apparue, sur Terre, il y a 3,7 milliards d’années et s’est développée selon un cycle circadien. C'est-à-dire moitié jour, moitié nuit.

 

La vie se passe pour moitié la nuit. Les espèces diurnes et nocturnes sont dépendantes l’une de l’autre. La moitié des mammifères sont des nocturnes et se déplacent ou se nourrissent la nuit, 75% des insectes sont également des nocturnes, une grande partie de ceux-ci sont migrateurs et pollinisateurs, la quasi-totalité des batraciens se déplacent aussi la nuit, les deux tiers des migrations se font la nuit…

La biodiversité passe donc par la nuit et par définition dans la trame verte et bleue. Il faudra y introduire la notion de trame nocturne.

Certains mettent en avant la faible urbanisation des zones concernées. Or, si on y regarde de plus près, nous voyons des hameaux, croisements ou ronds points, tous éclairés de façon déraisonnable. Des aménagements seront donc indispensables pour éliminer ces obstacles.

Depuis 1995, on sait qu’un rond point éclairé n’apporte pas le gain de sécurité tant attendu (étude de R.G. Jacoby et N.E. Pollard 1995). Il est préférable d’utiliser un éclairage passif, c'est-à-dire constitué de plots au sol ou panneaux réfléchissants, bandes blanches et bandes rugueuses. Ce type d’aménagement ne consomme pas d’énergie, ne demande pas d’entretient et ne tombera jamais en panne. Pour info, le coût d’exploitation de l’éclairage d’un rond-point tourne autour de 3.000€ par an (consommation et entretient).

Il en est de même pour les croisements de routes secondaires isolées.

En ville, les jardins, alignements d’arbres ou arbres isolés servent de relais dans la TVB (trame en pas japonais). Or depuis quelques années les communes prennent l’habitude d’éclairer les arbres. Cette mode est très fâcheuse, un arbre a absolument besoin d’une période de repos nocturne. D’autre part le relais sur lequel les oiseaux et insectes pouvaient compter est perturbé et ne joue plus son rôle. Pareil pour les jardins publics qui ne doivent en aucun cas être éclairés. Si un éclairage est déjà installé celui-ci devra être éteint à 22h.

Les villages aussi doivent impérativement pratiquer l’extinction de l’éclairage public en milieu de nuit.

Le spectre lumineux, lui aussi, doit être pris en considération. Les lumières bleus et ultraviolettes sont très néfastes auprès de la faune. Il est préférable d’utiliser des lampes au sodium dans les cas où un éclairage est indispensable. La lumière émise par ces lampes est maximale vers le jaune, l’impact sur le vivant est minimum. Il convient également de limiter la puissance et de diriger la lumière au dessous de l’horizontale.  

Vous l’aurez compris, s’il faut parler de trame verte et bleue, il faut y rajouter le terme trame nocturne. La réussite de celle-ci passera par une réflexion sur nos modes de vie. Le progrès apporté par la lumière devient néfaste par son excès. L’augmentation constante du coût de l’énergie nous oblige déjà à une prise de conscience sur son utilisation.

L’environnement nocturne reste toujours le grand oublié des agendas 21 ou mesures de protection de l’environnement. Nous avons l’opportunité de réparer ces oublis, il en va de la réussite du SRCE

Daniel Rousset membre de la FRANE

Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes

www.anpcen.fr

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