Retenues d'eau: nouvelle déception

L'IRSTEA, l'INRA et l'ONEMA ont récemment publié les résultats de son étude concernant l'impact cumulé des retenues d'eau sur le milieu aquatique.

L'analyse et les éléments retenus des APNE ici.

 

 Décevante, cette étude conclue qu'il faudra faire d'autres études et évaluations pour identifier des résultats et des indicateurs sur notre territoire...

 

"En effet, cette étude souligne la nécessité :

- d’acquérir, de bancariser et de permettre le partage de données de recensement et de caractérisation des retenues (position dans le bassin versant, mode d’alimentation, capacité, usages de l’eau, etc.),

- de développer des connaissances sur les effets des retenues sur l’ensemble des caractéristiques du cours d’eau

 

" Vous noterez l’utilisation des termes « déformation », « lit défiguré » en lieu et place de « perturbations morphologiques… » Sans doute pour passer le manque de compréhension de cette notion auprès du public et des décideurs. Les références à la « continuité » (mal ressentis par les propriétaires de moulins) et « perturbations hydrologiques » ou « prélèvements excessifs »  en sont bannis. "

 

Merci à la FRAPNA pour cet éclairage.

 

  • Aussi, vous trouverez un complément sur l'article de la gazette des commune concernant les retenues d'eau. Avec la participation de François-Marie Pellerin, du réseau Eau de FNE.

 

"GESTION DE L'EAU : Retenues d’eau : stop ou encore ?

Publié le 19/05/2016 • Par Sylvie Luneau http://www.lagazettedescommunes.com/442814/retenues-deau-stop-ou-encore/?abo=1

© Irstea

La gestion quantitative de l’eau reste un sujet délicat en France. En particulier lorsqu’on parle d’irrigation agricole. Pour juger de l’impact cumulé des retenues d’eau sur le milieu aquatique, une expertise scientifique est en cours. Les premiers résultats sont présentés ce jeudi 19 mai. En arrière plan, se pose aussi la question de leur financement par les collectivités et de l’adaptation des pratiques agricoles.

L’ombre du décès tragique de Rémi Fraisse, lors d’une manifestation contre le barrage de Sivens dans le Tarn en octobre 2014, plane toujours au-dessus des projets de stockage d’eau. Les tensions avec le monde agricole restent très palpables. Difficile d’avoir des informations dans ce contexte, nos interlocuteurs sont sur la défensive.

Mais tous sont d’accord sur un point : l’expertise scientifique collective (Esco) sur l’impact cumulé des retenues d’eau est très attendue . Coordonnée par Irstea, avec l’appui de l’Onema et de l’Inra, les résultats sont présentés le 19 mai à Paris.

Toujours de nouvelles demandes

L’objectif de ces retenues est de stocker l’eau en hiver, quand elle est abondante, pour pouvoir l’utiliser l’été en période de sécheresse. Pourtant, force est de constater, que la construction de ces retenues (ni celle de barrages plus conséquents) n’a pas permis de résoudre les problèmes d’étiage. Aujourd’hui, ces créations soulèvent de nombreuses questions, en particulier dans les zones très équipées où les ressources en eau sont déjà très mobilisées.

Prélèvements d’eau : La création de réserves pour l’irrigation fait des vagues

Les études environnementales doivent pouvoir évaluer les impacts cumulés avant d’autoriser de nouvelles retenues. Or, ces effets sont difficiles à appréhender.

Les bureaux d’études, comme les services de l’Etat, manquent d’outils méthodologiques pour instruire les demandes qui continuent à affluer : en Lot-et-Garonne par exemple on en compte 216 depuis 2011. Sur ce chiffre, 60 retenues sont déjà créées pour environ 2 millions de m3.

Dans le marais poitevin, 27 projets de retenues de substitution sont en cours pour 10 millions de m3. C’est dans ce contexte que le ministère de l’Environnement a sollicité cette étude.

Un inventaire à la Prévert

Débutée en juin 2015, l’expertise a mobilisé une quinzaine de spécialistes. Elle s’intéresse aux retenues d’une « capacité inférieure à quelques millions de m3 » pour lesquelles une simple déclaration, sans autorisation, suffit pour créer une retenue de moins de 3 ha. Au début des années 2000, on en recensait environ 125 000, avec des usages variés (irrigation agri cole, pisciculture, eau potable, loisirs).

La première étape de l’expertise a consisté à compiler la littérature internationale sur le sujet. Au final, « l’effet cumulé des retenues n’a que rarement été l’objet de recherches » note Nadia Carluer, coordinatrice de l’étude pour Irstea. « En conséquence, il n’a pas été possible non plus de mettre en évidence un indicateur directement transposable. » Un résultat décevant.

Mais, « il est évident qu’une retenue implantée sur un cours d’eau perturbe le fonctionnement initial de celui-ci. Le bilan s’améliore si elles sont situées en dehors du cours d’eau et remplies unique ment en hiver. C’est le cas en Loire-Bretagne où les pompages sont autorisés de novembre à avril et avec un débit fixé. Mais dans certains secteurs géographiques, avec plus de relief, il est plus difficile de construire en dehors des cours d’eau » analyse Nadia Carluer.

Le Doux recherche des solutions moins impactantes

C’est le cas d’un des sites visités ((Trois sites ont été visités pendant la phase exploratoire de l’expertise : le bassin du Doux en Ardèche, les réserves de substitution (alimentées par pompage dans la nappe) sur les bassins de la Vendée et des Autizes, les retenues pour réalimentation et des retenues collinaires ou sur cours d’eau sur le bassin du Midour dans le Gers et les Landes) par les experts : le bassin du Doux dans l’Ardèche, un secteur de polyculture, avec des fruitiers, de l’élevage et des céréales, qui souffre d’un déficit hydrique marqué. 700 retenues collinaires ont été construites sur ce bassin de 630 km2.

Cinq communautés de communes se sont regroupées dans l’Entente Doux pour lancer une étude afin de trouver une solution moins impactante que le pompage estival en rivière. Six nouvelles retenues sont financées en 2016 par l’agence de l’eau, le département de l’Ardèche et la région Rhône-Alpes. Ici, selon l’Entente Doux, « le soutien à l’agriculture locale est une priorité et il est difficile de se tourner vers une agriculture moins gourmande en eau.

Vers des pratiques agricoles plus économes en eau

Mais est-il toujours pertinent de financer la création de ces retenues sur fonds publics ?FNE craint que la construction de ces nouvelles réserves incite encore, à grand frais, au développement de cultures consommatrices d’eau et gèle l’évolution des systèmes vers des pratiques agricoles plus économes.

En outre, « à partir du moment où la collectivité finance, elle devrait pouvoir imposer des critères d’attribution, comme par exemple des cultures moins impactantes ou la suppression des intrants », estime François-Marie Pellerin de FNE.

L’association, membre du comité de suivi de l’expertise en cours, la juge également positive. « Elle va permettre de structurer un cadre de réflexion commun notamment sur le vocabulaire. Nous attendons beaucoup des éléments de méthodologie pour les études d’impact. Mais pour l’instant nous restons sur notre faim, car ils seront délivrés dans la phase 3 » explique François-Marie Pellerin.

C’est effectivement dans cette phase qu’on entrera dans l’opérationnel. Elle sera déclinée de septembre à décembre 2016 sur les 3 bassins les plus concernés : Loire-Bretagne, Adour-Garonne et Rhône Méditerranée Corse."

 

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