L’Allier : une rivière dont il faut préserver la dynamique ! - Comment restaurer et préserver la dynamique fluviale de l’Allier ?

Comment restaurer et préserver la dynamique fluviale de l’Allier ?

 

 

Laissons libre cours à l’Allier !

 

La préservation et la restauration de la dynamique fluviale sont d’intérêt public tant sur le plan environnemental qu’économique. En effet, pour combler l’enfoncement du lit et ainsi relever la ligne d’eau, reconstituer la nappe alluviale, l’étendue et la variété des milieux naturels, améliorer de ce fait l’épuration de l’eau et permettre un meilleur étalement des crues, il faut laisser l’Allier éroder ses berges. Cela implique d’abandonner à l’érosion les champs d’alluvions qui permettront au lit de se recharger en sédiments, et de rendre à la rivière son espace de liberté !

 

Le concept d’espace de liberté

 

Berges de l'AllierL’espace de mobilité est la zone à préserver pour permettre au cours d’eau de conserver son potentiel de divagation ainsi que le renouvellement optimal des écosystèmes.A l’intérieur de cet espace, il s'agit de ne pas faire obstacle au déplacement de la rivière. Les gestionnaires des cours d’eau et les maîtres d’ouvrage le délimitent en tenant compte de critères géomorphologiques, écologiques mais aussi socio-économiques. Il s’agit donc de concilier la protection d’un espace potentiellement érodable et le respect des contraintes humaines d’intérêt général. Ainsi les contraintes majeures ne pouvant être remises en cause, telles une zone urbanisée ou une grande infrastructure de transport, ne sont pas incluses dans l’espace de mobilité du cours d’eau. En revanche, un puits de captage, une gravière, un bâtiment isolé, une culture, …, seront généralement intégrés dans l’espace (ces contraintes secondaires peuvent être soit déplacées, soit achetées par une collectivité…).

 

 Comment mettre en œuvre l’espace de liberté ?

 

La nécessité d’indemniser les riverains

 

L’érosion par la rivière des terres situées dans le domaine public fluvial (DPF) ne suffira pas à combler le déficit actuel d’alluvions. Il faudra laisser divaguer l’Allier dans des terrains limitrophes privés. Or lorsque ces terrains sont emportés par l’érosion, ils tombent dans le DPF. Il s’agit donc d’une perte pour les propriétaires riverains (ils peuvent bénéficier dans certains cas des terres délaissées par la rivière). Cela les conduit souvent à se protéger par des enrochements, d’autant plus qu’il est quasi impossible pour eux de se faire indemniser de cette perte. Des mesures d'indemnisation efficaces pour les terres menacées (mais aussi pour les biens et constructions) doivent donc être mises en œuvre pour faire accepter l’érosion.

 

La loi sur les « Risques naturels et technologiques » de 2003 apporte un outil réglementaire permettant de préserver l’espace de liberté des cours d’eau et d’indemniser financièrement les propriétaires. Elle donne en effet à l’Etat et aux collectivités locales la possibilité d’instaurer des servitudes d’utilité publique permettant de créer ou de restaurer les zones de mobilité du lit mineur, dans lesquelles tous travaux et ouvrages pouvant faire obstacle à la divagation de la rivière sont interdits. La mise en place d’une servitude ouvre alors droit à des indemnités pour les propriétaires des terrains. Ces indemnités sont à la charge de l’Etat ou de la collectivité ayant demandé la création de la servitude. Mais à ce jour aucune servitude de ce type n’a été créée sur l’Allier !

 

Acquérir les terres menacées d’érosion

 

Si d’autres modalités peuvent être étudiées au cas par cas pour indemniser les propriétaires de terrains soumis à l’érosion (dédommagement, échanges de terrains…), la plus simple consiste à acheter ces terres (maîtrise foncière). Les sites ainsi « maîtrisés » font l’objet d’une gestion adaptée au respect du fonctionnement de la rivière. Cette politique est menée depuis de nombreuses années par les associations (Conservatoires d’espaces naturels, Ligue pour la Protection des Oiseaux) mais doit être développée et conduite par un plus grand nombre d’acteurs (collectivités…).

 

Plaine alluvialeBien gérer la plaine alluviale

 

En tenant compte des contraintes majeures, l’espace de mobilité de l’Allier sur l’ensemble de son cours en plaine représente 18 000 ha. Sur ces 18 000 ha, seulement un peu plus de 2 000 sont probablement érodables d’ici 50 ans, ce qui correspond à la superficie nécessaire pour combler le surcreusement du lit de l’Allier.

 

Mais il ne faut pas oublier qu’à une échelle de temps beaucoup plus importante, l’espace de mobilité maximal de la rivière correspond à la plaine inondable.

 

Il ne faut donc pas faire n’importe quoi en dehors de l’espace de mobilité qui sera ainsi défini ! L’occupation de la plaine inondable ne doit pas conduire à mettre en place des ouvrages de protection mais permettre la divagation de la rivière et les crues. Elle doit donc être réversible.

 

 

 

Maîtriser l’urbanisation

 

Il ne faut donc plus construire en zone inondable, ni dans les zones potentielles de divagation qui ne sont pas déjà densément urbanisées. Si un nouveau pont au dessus de l’Allier s’avère absolument nécessaire en terme d’aménagement du territoire, il est préférable de le construire dans la mesure du possible à proximité d’un ouvrage déjà existant ou bien sur piles et arches dans toute la traversée de la plaine, afin qu’il ne soit pas une nouvelle contrainte à la dynamique fluviale. Il faudrait également à terme rendre perméables aux divagations de la rivière les ponts construits sur remblais. En ce qui concerne l’alimentation en eau potable, le déplacement des puits de captage exposés à l’érosion doit être envisagé au cas par cas. Des puits légers peuvent être réalisés de façon à les reculer au fur et à mesure que l’érosion progresse.

 

CarrièresRéduire l’utilisation et l’extraction des alluvions

 

Les carrières doivent être maintenues en dehors de l’emprise de la nappe alluviale afin de préserver cette dernière mais aussi pour réserver dans l’avenir toutes les alluvions susceptibles de compenser l’enfoncement du lit ou utilisables pour combler les anciennes fosses d’extraction sources d’éternelles nuisances. Aujourd’hui, les granulats alluvionnaires ne sont plus indispensables au marché de la construction étant donné les techniques et autres matériaux existants. La politique de substitution de l’emploi des alluvions par d’autres matériaux, programmée depuis des années, doit enfin être réellement mise en œuvre, ainsi que des économies de matériaux et leur recyclage.

Un auvergnat consomme encore 2,7 tonnes d’alluvions par an !

 

 

Les alluvions sont des formations glaciaires qui ne se renouvellent quasiment plus. De nos jours, il se forme moins d’alluvions sur les reliefs que la rivière n’en évacue vers l’aval !

 

 

 

 

Dessins : Philippe Coque pour la FRANE.

Photos : C. CHAMPREDON, CEPA, CSA, M. CRAMOIS, LN-CEPA-JS.

 

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