Eoliennes en Auvergne et ailleurs...

Tentative de synthèse d'un sujet chaud et pourtant important pour faire évoluer notre pays vers la transition énergétique (cf position de la FRANE).

 

1) Il semble y avoir un consensus contre les éoliennes, en Auvergne et ailleurs

 

(voir le site : « Stop éole collectif Auvergne » = Collectif apolitique et environnemental d'Auvergne pour la préservation du cadre de vie, exemple d'associations « vent de colère », « massacre à l'éolienne » etc....).

 

Pas un projet ne trouve grâce auprès d'eux, ce qui n'est pas étonnant quand on lit ceci en introduction de leur site :

 

« L’éolien industriel terrestre ne permet pas de contribuer significativement à la sortie du nucléaire et il est l’une des solutions les plus coûteuses pour éviter les émissions de CO2. Là où il est contesté par la population locale ou les riverains, dans la mesure où il ne présente donc aucun avantage majeur pour la collectivité, il apparaît alors impossible de justifier les inconvénients imposés à certains habitants et à l’environnement en général. »

Thierry Jaccaud, Rédacteur en chef de la revue L’Ecologiste, président de l’association Les amis du Bocage Bourbonnais, membre du Collectif Allier Citoyen.

 

La réussite de leurs actions en 2015-2016 (voir plus bas, actions au niveau des SRE -schémas régionaux éoliens- inclus dans les SRCAE -schémas régionaux Climat Air Energie-) les encourage au point que la « Fédération Environnement Durable » annonce dans ses vœux 2017 :

 

" En 2017, la  Fédération Environnement Durable combattra, avec tous les moyens légaux à sa disposition, les projets éoliens terrestres et offshores, et elle aidera localement les associations qui lui font confiance. Elle continuera à dénoncer l’erreur stratégique d’implanter ces machines intermittentes,  ruineuses, anti écologiques, dangereuses pour la santé, destructrices des paysages et du  patrimoine  de notre pays. Elle combattra la « folie éolienne » qui corrompt  le tissu social et qui contribue à pourrir le système politique de la France au niveau national, régional et local." 

 

Serait ce un combat de Don Quichotte contre les moulins à vents (énergies renouvelables d'autrefois) ?

Cette attitude est en fait nationale : les français ne semblent pas aimer les éoliennes ?

 

Stop Eole cite le Figaro (sept 2015) et Charlie (Sep 2015), qui ont chacun leurs arguments anti éoliennes, ici regroupés :
- altération des paysages et émissions sonores
- faible rendement et fonctionnement intermittent
- les subventions excessives
- la corruption locale
- contribution mineure à la production d'énergie et à la consommation d'électricité
- les industriels poussent (AREVA, ADF, Alstom....).

 

2) Ne pourrait-on pas avoir une position plus nuancée ? Le développement de l'éolien comme du solaire est indispensable si on veut amorcer enfin la transtion énergétique.

 

A chaque instant, du CO2 qui reste 100 ans dans notre atmosphère est libéré, des déchets radioactifs sont produits et nos centrales proches de leur obsolescence continuent à fonctionner.

Que veut-on ? Nous devons amorcer la transition énergétique. Et notre PPE (Programmation Pluriannuelle d'Energie) publiée tardivement en octobre 2016 reste plus qu'évasive sur le sujet du nucléaire et modérée sur les objectifs rapprochés du mix énergétique (2023), pouvant faire douter de la faisabilité des objectifs à plus long terme (2030 et 2050, même si elle cite les objectifs prévus) et il s'avère que s'il n'y a pas de sursaut, on ne les tiendra pas.

 

L'attitude actuelle vis à vis de l'éolien est très grave et dommageable par rapport à la transition énergétique. Nous allons reprendre les arguments anti-éolien cités précédemment.

 

Impact paysager et nuisances

Les éoliennes créent une présence dans des paysages souvent nus, sur des crêtes :, celles d'Ardes, du Mézenc, nuit et jour, une "vie" dans un paysage. Celles de Laqueuille, La Fageole, Saint Sauves, au fait, est-ce vraiment si laid ?

Une petite remarque : on n'a pas de centrale nucléaire en Auvergne, ça manque sans doute, on n'en voit pas et on les oublie (mais on n'est pas pour autant protégés, il y en a tout près) et franchement, ce n'est pas beau, ça se voit de très loin et en plus ça fait peur !

La vie a changé, notre campagne désertifiée peut encore revivre, grâce à l'évolution de l'agriculture, ça oui, c'est un combat important …... ces éoliennes qu'on peut trouver sympathiques montrent que nous pensons à l'électricité de l'avenir, solidaire et pour tous (des villes et des campagnes).

L'armée crée beaucoup de contraintes en Auvergne par rapport à ses couloirs aériens et fait annuler des projets concernant des plateaux et crêtes désertes. Du coup, davantage de projets dans des zones plus habitées... Les « voisins » des éoliennes sont-ils vraiment tous en souffrance ?.... Il faut respecter les distances préconisées. Il parait qu'on peut mettre des systèmes pour éloigner les oiseaux.

On gaspille beaucoup d'argent dans des projets éoliens, qui capotent ensuite à cause des opposants systématiques.

 

Rendement faible

Toutes les énergies ne se transforment pas à 100 % de rendement d'électricité ! Bien loin de là... Deux éléments sont importants à considérer et inclus dans le rapport énergie finale consommée / énergie primaire : le rendement du système de production (alternateurs, turbines, chaudières) soit le rapport : puissance électrique obtenue/puissance primaire utilisée et le facteur de charge (efficacité réelle de cette production électrique par rapport à la capacité théorique, sorte de rendement établi en fonction de la durée de production effective du système à la puissance nominale).

 

Ceci est très ennuyeux quand on gaspille une source d'énergie limitée :

- pour les centrales thermiques à charbon : la capacité de production ne correspond qu'à 40 % de l'énergie primaire, avec un facteur de charge moyen de 33 %, étant donné qu'elles ne servent en principe qu'à « couvrir » les pointes hivernales. L'utilisation de cette énergie est de toute façon à limiter en raison de l'émission de GES.

- pour les centrales nucléaires : la capacité de production ne correspond qu'à 1/3 de la chaleur produite par la fission de l'uranium (les autres 2/3 réchauffent un peu trop nos rivières...), soit un rendement de 30% maxi, avec un facteur de charge moyen de 75%, tenant compte des arrêts ponctuels de réacteurs pour diverses raisons.

- pour les centrales à bois énergie : la production d'électricité là aussi ne correspond qu'à 30% de la chaleur produite par la combustion du bois (si celui ci est bien sec, toute humidité reduit ce rendement), il est nécessaire de coupler à une cogénération pour ne pas perdre la chaleur en excès (pour qu'il n'y ait pas d'arbres brûlés pour rien).

 

Remarque : attention à cette dernière filière, on a tendance à considérer l'arbre seulement comme une matière première dite " renouvelable" alors qu'il constitue un élement fondamental de notre biodiversité. C'est donc une ressource très précieuse.

 

Ceci l'est moins quand les sources d'énergie sont illimitées :

- pour le solaire : le rendement d'un module voltaïque étant de 13 à 20 %, on observe en Auvergne environ 1000 h d'ensoleillement important par an, soit un facteur de charge de 11%.

- pour l'éolien : le rendement moyen d'une éolienne étant de 20 à 35%., on considère la que les éoliennes fonctionnent à puissance nominale 1900 h, par an, donc avec un facteur de charge de 21%.

- pour l'hydraulique : le rendement moyen est de 70 à 80 %, avec un fonctionnement de de 800 à 1800 h par an, soit un facteur de charge de 14 %, mais en principe complétement adapté aux besoins.

 

Qu'importe ces rendements bas, puisque ces sources nous sont données gratuitement et à profusion ? Et on ne pollue pas si on prend des précautions. On ne génère pas de déchets, pas de GES et on ne déstocke pas de ressource en voie de disparition...

 

Fonctionnement intermittent

Pour les énergies renouvelables comme le photovoltaïque et l'éolien, le facteur de charge reflète en pratique l'intermittence. L'important est de pouvoir « appeler » de l'énergie à un instant donné au niveau du réseau : l'éolien fonctionne mieux l'hiver, le solaire l'été, mais plus on a sur tout le territoire d'installations éoliennes et solaires (c'est le « foisonnement et la complémentarité », selon Négawatt), plus on a de chances d'avoir un maillage efficace, avec des installations de taille modeste présentant moins de risques environnementaux. On ne parle plus maintenant de la nécessité de « back up » systématiques (centrales thermiques par exemple) pour pallier aux baisses de production (certaines centrales ne fonctionneraient jamais !).

En même temps on s'achemine vers des sources d'énergie plus décentralisées, il va falloir que le réseau soit adapté, voilà une priorité, mais on n'aura plus les installations gigantesques afférentes au nucléaire. Ceci nous assurera aussi une meilleure sécurité d'approvisionnement dans l'avenir.

Enfin le choix du chauffage électrique dans notre pays nous rend plus vulnérables que les autres pays d'Europe aux périodes de pointe hivernale et fait qu'alors nous importons de l'électricité carbonée de l'Allemagne, que nous payons cher.

 

Subventions excessives

Notre électricité nucléaire est bradée, nous sommes la plupart du temps, sauf pour les pointes hivernales dues au chauffage électrique -spécificité française- en surproduction (il arrive à la bourse de l'électricité que nous soyons en prix... négatif).

Elle est très subventionnée pourtant : coût de l'importation de l'uranium, de la gestion des déchets, du suivi des incidents et des risques potentiels (système d'assurance) et de son obsolescence ne sont pas pris en compte dans le coût de cette énergie. Ne parlons pas de la nécessité du grand carénage et du maintien contre toute logique de la construction de l'EPR.

Certes, l'éolien a un certain prix à l'installation (accès, plate forme de ciment, construction et mise en place) mais très peu ensuite au fonctionnement (seulement maintenances et la durée de vie est longue), en plus le site pourra être toujours réutilisé sans trop de frais. Le matériel est recyclable.

Il faut que les sources d'énergie renouvelable trouvent leur place, il est normal de les aider en les subventionnant, c'est pour notre bien commun. En plus elles progressent tellement que maintenant elles deviennent compétitives : bientôt, plus besoin de subventions...

 

La corruption locale

Effectivement qui dit « subventions » dit « intérêts », on ne peut pas changer facilement la nature humaine de certains, hélas, d'où la multiplicité de projets dans des territoires plus ou moins adaptés (ex département de l'Allier). Là encore, il faut de la solidarité. Ce sont les vrais projets citoyens menés en consensus qui sont la solution.

Mais attention, le système de subvention par appels d'offres (à partir de 2017, cf PPE) risque de casser cette dynamique locale citoyenne. A surveiller.

 

Contribution mineure à la consommation d'électricité en France

C'est de l'ordre de 4 % de la consommation d'électricité en France, avec une puissance installée de 10 GW (6 GW pour le solaire). Quand le nucléaire correspond à 76 % de la consommation, comment rivaliser ? L'hydraulique est à 10 %, ensuite on a le gaz et l'éolien et toutes les autres énergies consommées se situent autour de 1 % !!

Tant que le nucléaire -subventionné au maximum- est aussi présent et en excédent (sur un total de 546 TWh en 2015, 62 TWh exportées, ceci équivalent à 9 réacteurs nucléaires), rien ne pourra évoluer.

Sauf si les citoyens se montrent plus encourageants à développer ces filières...

 

Les industriels poussent

Ils ont compris avant la population que c'est un enjeu d'avenir -du moins nous l'espérons. Ce sont des filières à développer, d'ailleurs créatrices d'emploi. Ensuite ce n'est pas parce que la société est actuellement complétement « vérolée » par la mondialisation qu'il faut renoncer à l'éolien....

Peut-on être pour la protection de la nature et pour les éoliennes ? Je crois que oui. Je crois en l'avenir (Arlette). Nous rappelons que la FRANE est favorable au développement de l'éolien, sous réserve d'implantations respectueuses de l'environnement.

 

3) Quelles vont être les conséquences de l'annulation des SRCAE suite à l'action des anti éoliens contre les SRE en 2016 sur la transition énergétique en France ?

 

Les associations antiéoliennes ont obtenu l'an dernier l'annulation du SRE -schémas régionaux éoliens- et par conséquence aussi du SRCAE -schémas régionaux Climat Air Energie- en Auvergne, mais aussi dans beaucoup d'autres régions (voir ici sur le site de la FRANE).

 

23 Mai 2016, revue Energies

«  Deux nouveaux schémas régionaux climat-air-énergie (SRCAE) et leur schéma régional éolien (SRE) ont récemment été annulés par la justice. Dans une décision du 31 mars et du 3 mai dernier, le Tribunal administratif de Nantes et la Cour administrative d'appel de Lyon ont respectivement annulé les arrêtés préfectoraux des régions Pays-de-la-Loire et Auvergne. Neuf autres schémas régionaux ont déjà fait l'objet d'une annulation à la demande d'associations anti-éoliennes. L'argument retenu est à chaque fois le même : celles-ci reprochent à l'administration l'absence d'évaluation environnementale préalable.

Cette décision s'impose quasiment aux juridictions administratives depuis que le 7 mai 2014, le Conseil constitutionnel a déclaré inconstitutionnelles les dispositions relatives aux schémas SRCAE/SRE de la loi Grenelle II. En cause, l'absence d'obligation légale relative à la réalisation d'une évaluation environnementale et qui contrevient donc directement aux obligations françaises tirées du droit communautaire. Les associations à l'origine du recours faisaient état de la violation des procédures applicables en matière de consultation du public dans le cadre des SRCAE et des SRE.

Une réforme de l'évaluation environnementale est intervenue le 29 avril dernier avec la publication du décret relatif à l'autorité environnementale (Ae). Les SRCAE et SRE ne sont désormais plus de la compétence du préfet mais d'une mission régionale d'autorité environnementale du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD). »

Marine Calmet, journaliste

 

Les conséquences pratiques et juridiques de ces multiples annulations (13 au niveau national) dans un contexte d'attente de la mise en place des SRADDET -Shémas régionaux Aménagement Développement Durable Egalité des Territoires- fin 2018, ne sont pas claires et plutot inquiétantes. En effet il était prévu que les SRCAE évaluent à la fin de la première phase de la PPE (fin 2018) l'avancée des objectifs dans chaque région et permettront l'élaboration de la deuxième phase.

 

Enfin, la position affichée des lobbies anti-éoliens cités dans l'introduction pour 2017 laisse présager que la suite sera difficile...

 

 

 

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