La Frane soutient l’initiative du Collectif Nivernais Agriculture Durable

Madame la Préfète,

 

 La Frane a décidé lors de son dernier Conseil d’administration qui s’est tenu en visioconférence, de soutenir l’initiative du Collectif Nivernais Agriculture Durable qui vise à dénoncer l’arrêté que vous avez pris en avril 2019 pour autoriser le retournement de 55 ha de prairies sensibles en zone Natura 2000 dans le lit majeur de la rivières Allier au site de Mauboux, commune de Livry (Nièvre).

 

 

Outre les motifs invoqués à juste titre par les signataires, et en particulier l’association Allier Sauvage avec laquelle la Frane entretient de bonnes relations, telles que destruction de précieuses prairies, de zones humides, de haies, banalisation ou destruction des habitats d'espèces protégées ou en voie de disparition alors que la biodiversité est en danger, nous voudrions attirer votre attention sur l’importance pour toute la vallée de l’Allier d’une telle décision de votre part et qui motive notre implication.

 

 

Les mises en culture le long du cours de l’Allier n’impactent pas seulement les hectares labourés : la contrainte sur la nappe d’accompagnement de la rivière sera accrue. C’est tout le système hydrique qui est concerné. La demande d'eau pour l’irrigation doit baisser, c’est le contraire que votre arrêté va induire alors que le soutien d'étiage de Naussac est déjà entièrement absorbé par les cultures existantes en amont.

 

 

Le Collectif Nivernais Agriculture Durable dénonce l’augmentation de la pollution des eaux souterraines et de surface, et il a raison. Notre expérience de quarante ans de veille sur le cours de nos rivières nous permet de nous inquiéter de l’avenir des enrochements et autres mesures de protection des cultures. Alors qu’un équilibre naturel s’était institué, reposant sur l’ensemble des couverts végétaux justement référencés dans les trois zones Natura 2000 existant sur le site de Mauboux, leur déstabilisation entrainera des érosions dues au comportement impétueux du fleuve. Inévitablement des mesures de protections seront réclamées et peut-être, comme on le voit trop souvent, des enrochements illégaux seront établis. C’est le contraire qui est préconisé par tous les plans d’aménagement, à commencer par le SDAGE. Il faut restituer à nos cours d’eau leur liberté de divagation, aussi bien pour préserver la ressource en eau que celle des populations et ouvrages d’art en aval. C’est précisément ce que nous sommes en droit d’attendre du représentant de l’Etat.

 

 

En permettant de labourer des terrains riverains de l’Allier, de détruire des haies, on ouvre la voie à des modifications qui peuvent se ressentir à des kilomètres aussi bien en aval qu’en amont. Une forte crue peut balayer ces hectares que plus rien ne protège avec des effets imprévisibles y compris sur le Val de Loire et sur l’Allier amont par effet d’abaissement du lit mineur.

 

 

La Frane est très investie dans la préservation de l’Allier. Il est curieux de voir combien elle est suivie quand il s’agit de vanter la « dernière rivière sauvage d’Europe », mais combien par ailleurs les entorses au bon fonctionnement du système fluvial sont facilement acceptées. Et alors nos actions quand nous nous élevons contre sont mal perçues.

 

 

Elle se félicite de l’existence de la Réserve Naturelle du Val d’Allier, mais cette aire protégée d’une vingtaine de kilomètres seulement, et hélas sans cesse menacée, ne peut nous satisfaire. Il sera absolument nécessaire d’étendre sous une forme juridique ou une autre ce type de protection. Et le Val d'Allier Nord, en aval de Moulins reste, entre autres, une piste pour la réalisation de tels projets. A condition que des agissements d’aujourd’hui ne ruinent les perspectives de demain.

  

 

Veuillez agréer, Madame la Préfète, l’expression de nos respectueuses salutations

  

 

Le Président de la Frane,

Marc Saumureau

 

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