Cahiers d’acteurs « Environnement » pour le futur SRADDT Auvergne

Le changement climatique et la biodiversité sont des enjeux mondiaux qui font l’objet de multiples politiques publiques à différentes échelles (internationales, européennes, nationales, locales). Malgré cela, les indicateurs « sont au rouge » (érosion de la biodiversité, etc.).

Le futur SRADDT doit souligner l’intérêt régional d’une action publique territoriale concertée et intégrée qui, au-delà des politiques spécifiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation au changement climatique ou de préservation de la biodiversité déjà engagées, viserait à promouvoir de manière partenariale des territoires plus économes, plus autonomes et plus solidaires, par notamment la promotion de la proximité dans toutes les activités économiques et sociales.

Pour renverser la tendance en matière de fragmentation et d’artificialisation des milieux, de pollutions, d’émissions de gaz à effet de serre, etc., c'est toute la vision de l’aménagement et du développement des territoires qu'il faut revoir, en croisant en amont les enjeux de la planification territoriale avec la prise en compte de la biodiversité et de l’environnement.

 

 Téléchargez ici le cahier d'acteur :

 

1- Préserver des ressources naturelles précieuses

 

1-1 Préservation de la biodiversité

 

Malgré les politiques (européennes, nationales, locales…), les réglementations et les outils existants, l’érosion de la biodiversité se poursuit. Si l’Auvergne est moins touchée que d’autres régions, elle a une responsabilité importante en matière de protection de la biodiversité notamment au vu de son patrimoine naturel exceptionnel.

 

Le futur SRADDT doit ainsi renforcer l’objectif de préservation de la biodiversité, en faisant notamment le lien avec le futur Schéma Régional de Cohérence Ecologique et la mise en œuvre de la trame verte et bleue. La TVB est en effet un outil d'aménagement durable du territoire. Elle doit donc être un objectif stratégique central des politiques publiques et doit permettre de les coordonner. Sa mise en œuvre doit être suscitée, coordonnée et accompagnée. L’ingénierie publique doit être développée dans ce sens. La région peut jouer un rôle de chef de file. Le SRCE devra d’ailleurs faire l’objet d’une réelle animation  pour la mise en œuvre des actions qui seront définies.

 

L’enjeu est d’aller au-delà de la simple mise en œuvre de projets ou de mesures spécifiques de protection des espaces naturels et ruraux. Il s’agit d’intégrer réellement la préservation de la biodiversité à l’ensemble des activités socio-économiques. L’entrée par les services rendus à la société par la nature (cadre de vie, espaces de détente, épuration de l’eau, de l’air, des sols, productions agricoles et forestières, santé, etc.) est à privilégier car de nature à concerner tout le monde et à favoriser l’implication de tous.  

 

En matière d'agriculture, loin d’être une contrainte, la nature et la biodiversité doivent ainsi être vues comme un " facteur de production " (constitution des sols, pollinisation, zones de régulation écologique : haies, bosquets, bandes tampons le long des cours d’eau..., auxiliaires des cultures, etc.) et comme une condition du développement agricole. Les pratiques favorables à la biodiversité doivent être développées et soutenues : diversification des productions et assolements, allongement des rotations, maintien et développement des systèmes d’élevage à l’herbe, développement des systèmes de polyculture-élevage, maintien de prairies permanentes, installation et développement des infrastructures agro-écologiques (bandes enherbées, haies, bosquets…), agroforesterie, etc.

 

Le futur SRADDT peut ainsi promouvoir l’agro-écologie (dont le but est de produire mieux avec moins d’intrants) et des agricultures exemplaires comme l’agriculture biologique et l’agriculture de Haute Valeur Environnementale  (HVE)

 

En matière de sylviculture, il faut intégrer la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes dans la gestion et l’exploitation forestières à tous les niveaux et préconiser la gestion multifonctionnelle des forêts (vieillissement, sénescence, bois mort, régénération naturelle, mélange des essences et des strates -sauf cas naturels-, gestion écologique des milieux connexes, etc.), diversifier les sylvicultures en favorisant les traitements irréguliers…

 

1-2 Préservation et gestion de la ressource en eau

 

Le SRADDT doit mettre l’accent sur la préservation et la restauration des zones humides, dont le rôle en faveur de la biodiversité, du cycle de l’eau (stockage, épuration, restitution) et de la prévention des inondations n’est plus à démontrer mais est encore peu accepté. Au vu des nombreuses zones humides qui ont été détruites, un objectif de recréation pourrait même être affiché. La préservation des zones humides et des champs d’expansion des crues sont un enjeu pour lutter contre les conséquences du changement climatique (risque accru de précipitations extrêmes génératrices de crues et inondations).

 

Le SRADDT doit également mettre l’accent sur la préservation des nappes alluviales, principales réserves souterraines en eau de notre région, constituant une ressource locale à privilégier pour les besoins en eau présents ou futurs, notamment dans la perspective d’un réchauffement climatique. Les formations alluviales jouent également un rôle dans la régulation des crues (stockage de l’eau) et le soutien des débits des cours d’eau en période sèche (restitution). Les alluvions sont des matériaux qui ne se renouvellent quasiment plus. Ces réservoirs d’eau sont vulnérables, du fait de leur situation à faible profondeur sous des couches de terrains particulièrement perméables. Ils doivent être protégés vis-à-vis des aménagements susceptibles de les drainer, de les polluer, de les consommer, ou encore de les urbaniser en surface et de les rendre durablement impropre à une exploitation pour l’alimentation en eau potable.

 

Le SRADDT pourrait également encourager les économies d’eau.

 

 

1-3 Préservation des sols

 

Pourquoi préserver les sols ?

Les services écologiques et économiques des sols sont bien connus.

Le sol constitue un réservoir de biodiversité important. Il permet de fournir naturellement l’eau et  les nutriments indispensables à la croissance des végétaux.

Les sols jouent un rôle de stockage du carbone (grâce à la matière organique qui le compose, le sol est même la deuxième plus grande réserve de carbone au monde), de régulation de l’effet de serre, et un rôle majeur dans le cycle de l’eau (stockage, filtration et restitution de l’eau au profit des cours d’eau et nappes phréatiques).

Le sol est au cœur de l’équilibre de l’écosystème.

Au niveau mondial, les sols fournissent 90 % de l'ensemble de l'alimentation humaine et animale.

 

Les menaces qui pèsent sur les sols sont croissantes : pollutions (industrielles, agricoles…), érosion, artificialisation et imperméabilisation (urbanisation…). Le réchauffement climatique, facteur d'érosion des sols, est une menace supplémentaire.

On assiste ainsi à un déclin de la biodiversité et des teneurs en matière organique des sols.

 

Les sols constituent un bien non reproductible.

 

Aucune politique ou texte juridique n’est expressément consacré à la protection des sols (que ce soit en droit européen ou en droit français), à la différence de l’eau, de la biodiversité ou de l’air. Il faut regarder du côté des politiques et réglementations relatives aux installations classées, aux sites et sols pollués, à l'eau, à l’agriculture… pour trouver des mesures qui rejoignent la préservation des sols.

 

Un objectif de préservation des sols pourrait ainsi être explicitement affiché dans le futur SRADDT, qui encouragerait à :

 

-          Utiliser les surfaces de façon économe

-          Pérenniser les capacités de production des sols

-          Maintenir ou restaurer la qualité des sols

-          Lutter contre les pollutions des sols

-          Lutter contre l’érosion des sols

-          Lutter contre l’imperméabilisation et l’artificialisation des sols

 

Concernant ce dernier point, un objectif de « Zéro artificialisation nette » (bilan nul d’artificialisation du territoire) d’ici l’échéance de 2030 pourrait être envisagé. Cela impliquerait que tout projet d’aménagement consommant des espaces (qu’ils soient naturels, agricoles ou forestiers) doit assurer la reconquête d’espaces artificialisés en espaces naturels, agricoles, forestiers de surface équivalente. Il s’agit d’inciter à la renaturation, reconquête d’espaces artificialisés. Un inventaire régional des espaces pouvant être « dés artificialisés », avec des objectifs régionaux chiffrés et adaptés au contexte régional et local pourraient être définis. Les PNR auraient à jouer un rôle d’expérimentation dans ce domaine.[MSOffice5] 

 

En matière de maîtrise de l’étalement urbain, de nombreux outils existent (outils de planification ; SCOT, PLU, etc. ; outils d’urbanisme opérationnels : droit de préemption…). Néanmoins la mise en œuvre de ces outils doit être suscitée, coordonnée et accompagnée. Une mobilisation et un renforcement accrus de l’ingénierie publique est nécessaire. Une meilleure cohérence est aussi indispensable. L’objectif est de tendre à une gestion économe (sobre) de l’espace.

 

 

2- Valoriser les milieux les paysages et les patrimoines remarquables

 

Les ressources et les milieux naturels constituent certes pour les activités touristiques une ressource essentielle. Mais pour ne pas « tuer la poule aux œufs d’or » qu’ils représentent pour le tourisme régional, il faut veiller au développement d’un tourisme durable, de proximité et diffus, car le tourisme, comme toute activité, est générateur d’impact sur l’environnement. Le SRADDT doit être vigilent sur ce point, tout comme sur le développement des activités et sports de pleine nature.

Sur les sites les plus fréquentés, et/ou les plus fragiles, il est primordial de maîtriser les modes d’accès et de desserte (transports collectifs…) et de développer la sensibilisation du public à la préservation de l’environnement.

 

 

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