"À l’ère du tri sélectif et du recyclage, c’est un retour en arrière qu’on croyait impossible. Pourtant, le lait se vend de plus en plus en bouteilles en plastique opaque non recyclables. Toute la filière du tri est perturbée."
Retrouvez les éléments présentés par UFC Que choisir sur le sujet sur la page dédiée.
Ainsi que le communiqué de presse de FNE ci-dessous "Dis papa, c'est quoi cette bouteille de lait qui ne se recycle pas ?"
Dis papa, c'est quoi cette bouteille de lait qui ne se recycle pas ?
Alors que l’usage croissant du PET (pour « PolyEthylène Téréphtalate ») opaque empêche la possibilité de réutiliser convenablement les emballages plastiques, comment comprendre qu’une nouvelle matière puisse être introduite au détriment de sa recyclabilité ? La médiatisation récente de cette question rappelle que son introduction s’est notamment faite en dépit des remarques adressées par les industriels du recyclage et les collectivités gestionnaires de centre de tri. France Nature Environnement souhaite donc que les choix de conception soient mieux encadrés pour assurer une réutilisation effective des matières plastiques et une prise en charge des surcoûts engendrés par les metteurs sur le marché.
Comment l’éco-conception peut saper des efforts de recyclage…
Initialement translucide, le PET peut être opacifié par l’ajout d’une charge minérale qui permet d’obtenir un plastique plus léger que le PEHD [1] utilisé généralement pour les emballages plastiques colorés. Cette différence permet à l’entreprise de payer une éco-contribution plus faible à l’éco-organisme (car indexée sur le poids de l’emballage) et permet de concilier un gain économique avec un gain environnemental. Sauf que cette modification rend l’emballage non recyclable et que son incorporation va perturber le fonctionnement de la chaîne de valorisation.
En effet, le PET opaque n’est pas différencié du PEHD lors du tri et ces deux résines plastiques seront donc mélangées en conduisant à un plastique recyclé de qualité inférieure. Au-delà de 15% de PET opaque dans le mélange, le nouveau plastique obtenu ne peut plus être utilisé par les plasturgistes [2] et les performances des opérations de recyclage sont donc moins bonnes. Or l’augmentation sensible des bouteilles de lait en PET opaque depuis 2014 laisse entrevoir que les perturbations dans le recyclage des plastiques existent et ne devraient pas s’atténuer. Au-delà d’un gâchis de matière, ce processus va augmenter la quantité de plastique traitée par incinération ou enfouissement et donc la charge supportée par les citoyens via leur taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM).
Un dispositif d’encadrement des nouveaux matériaux à compléter
Cette situation questionne donc directement le rôle du barème « amont » dans la structure de la filière REP, notamment sur la régulation de nouvelles matières ou composites, puisqu’il repose actuellement les seuls critères de poids et de complexité. La définition du nouveau cahier des charges pour la période 2018-2022 permet de répondre en partie à cette problématique en introduisant de nouveaux critères. Par contre, l’introduction de nouveaux matériaux devrait être également conditionnée à des études d’impacts sur les effets de leurs introductions puis de leurs massifications. Ce rôle devrait revenir au comité de l’éco-conception et de l’éco-modulation de la filière REP Emballages et devant se constituer au 1er semestre 2017.
Par ailleurs, ces développement conduits par les metteurs sur le marché amènent les acteurs de l’aval de la filière, notamment les collectivités locales, à supporter les coûts des perturbations engendrées par ces changements. La construction collective des modulations des éco-contributions doit alors permettre d’équilibrer ces charges supplémentaires introduites par les metteurs sur le marché.
Conditionner l’usage du PET opaque à un plan d’action concerté
En tant que membre de la CFREP Emballages, France Nature Environnement souhaite que cette commission démarre son travail au plus tôt afin de revoir les critères de modulation des éco-contributions, de construire un programme d’action et un calendrier d’engagement conduisant au recyclage et à la valorisation du PET opaque. Tant que ce cadre ne sera pas clairement revu et validé par les parties prenantes, FNE soutient la pétition de l’association Zéro Waste France pour demander l’arrêt de l’utilisation des emballages en PET opaque et suggère aux professionnels de ne pas développer ce type de produits.
Enfin, cette situation interroge également d’autres tendances dans la conception des emballages et aujourd’hui laissée de côté. La question des opacifiants utilisés de plus en plus massivement dans les emballages alimentaires est ainsi à relier à l’usage croissant des nano-matériaux [3], et cela quel que soit la nature du plastique considéré.