Aujourd’hui se tient la journée thématique consacrée à l’agriculture à la COP22 de Marrakech. La question des sols, qui jouent un rôle essentiel dans la mécanique climatique, est au cœur des débats. C’est l’occasion pour FNE de rappeler que chaque seconde, 27 m2 de sol sont artificialisés en France. C’est l’équivalent de plus de 13 stades de football par heure. A l’échelle européenne c’est la superficie de la ville de Berlin qui disparaît sous le bitume chaque année. Pourquoi est-ce inquiétant ? Parce que nous devons prendre soin de nos sols pour garantir notre sécurité alimentaire.
Des sols agricoles artificialisés
Les espaces agricoles et naturels sont consommés pour faire place à des zones urbaines, commerciales ou industrielles, reliées entre elles par des infrastructures de transports. Les sols agricoles occupant 51% du territoire, sont les premières victimes de l’artificialisation. Sur la période 2006-2012, 87% des territoires nouvellement artificialisés concernent des territoires agricoles.[i] Or il s’avère que les villes se sont historiquement implantées sur des espaces fertiles et que ce sont justement ces sols de grande qualité agronomique qui sont recouverts d’asphalte. Cette préoccupation principale ne doit cependant pas occulter le fait que l’activité agricole affecte aussi la qualité des sols.
Des sols malmenés par l’agriculture industrielle
Le modèle agricole européen a pris le virage de l’industrialisation dans les années 50, oubliant que le sol n’est pas seulement une surface cultivable mais un milieu dont le bon fonctionnement est essentiel à la croissance des plantes. La vie du sol, ses habitants et sa matière organique, sont aujourd’hui malmenés par un modèle qui montre aujourd’hui ses limites. Le tassement transforme les sols agricoles en surface dure dans laquelle l’eau ne peut pas s’infiltrer. En conséquence, les pluies en emportent la couche supérieure. Les pesticides détruisent la biodiversité du sol pourtant essentielle à son bon fonctionnement! N’oublions pas également qu’ils contaminent nos cours d’eau. En bref, les pratiques agricoles industrielles détruisent le fonctionnement naturel de nos sols, rendant les agriculteurs dépendant des produits chimiques et générant une l’agriculture de moins en moins climato-compatible
Notre sécurité alimentaire en jeu, aujourd’hui et à l’avenir
Alors que 99,7% de notre alimentation dépend directement ou indirectement du sol, la dégradation de celui-ci, ainsi que la réduction des surfaces cultivables, constituent une impasse. Rappelons qu’à l’échelle mondiale, seules 22% des terres sont fertiles. En France nous avons la chance d’avoir des terres fertiles. Nous devons en prendre soin pour ne pas mettre notre sécurité alimentaire en danger.
Pour Jean Baptiste Poncelet : « le principe de neutralité carbone[1] actuellement débattu à la COP22 s’avère très problématique. Certaines initiatives, telles que l’initiative « 4/1000 »[2] promues actuellement pourraient, en l’absence de critères de sauvegarde, ouvrir la porte à des pratiques dangereuses (recours au glyphosate). Ces initiatives doivent avant tout se baser sur les principes de l'agro-écologie pour assurer sauvegarde de l'environnement et sécurité alimentaire, et devenir des vraies solutions.
Une bande-dessinée pour comprendre
L’appel du sol : une bande-dessinée pour comprendre
En complément de la pétition lancée à l’échelle de l’Europe (Initiative Citoyenne Européenne), France Nature Environnement a mis en ligne un site dédié à la question des sols. Grâce à la bande dessinée, nous espérons sensibiliser le plus grand nombre de citoyens à l’urgence de préserver les sols qui les nourrissent.
Denez L’Hostis président de FNE : « nous appelons les citoyens à s’engager pour leur sécurité alimentaire en répondant à l’appel du sol ! En signant notre Initiative Citoyenne Européenne, ils feront de la protection des sols, une priorité environnementale. »
Signez notre pétition européenne sur www.lappeldusol.fr
[1] Compenser les émissions de gaz à effet de serre par de la captation/séquestration
[2] Initiative visant à augmenter la proportion de carbone stockée dans le sol, en particulier dans les sols agricoles
[i] Selon l’enquête Corine Land Cover
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