Pour l’abandon des pesticides
Madame, Monsieur,
En tant que Président de l'association France Nature Environnement Allier, j'apporte les éléments suivants à ce projet de décret visant à protéger les populations lors des épandages de pesticides.
En premier lieu, la pollution par les pesticides est sous-estimée et mal évaluée:
- mal évaluée car reposant sur la notion de DJA (Dose journalière admissible) devenue obsolète car adoptée dans les années 60 donc n'étant plus conformes aux connaissances actuelles. Ce n'est plus la dose qui fait le poison mais l'exposition et la durée,
- sous-estimée car n’est pris en compte lors de l'AMM (autorisation de mise sur le marché) que la molécule active, pas les adjuvants et encore moins "l'effet cocktail", les interactions entre différentes molécules.
Le projet de décret fait référence aux données de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail), organisme traversé par les conflits d'intérêts avec les industriels dont elle est partenaire.
Quelques exemples :
- le triclosan, pesticide des années 70, puis "recyclé" en 1990 dans le secteur cosmétique, dentifrice, jouets comme antibactérien; il est reconnu perturbateur endocrinien et reprotoxique. En 2017, 200 scientifiques du monde entier saisissent l'ANSES afin de demander son interdiction, refus de cette dernière !
- le glyphosate: lorsqu'en 2017, le Président MACRON veut interdire le glyphosate pour 3 ans, M. GENET, président ANSES demande de nouvelles études alors que des centaines d'études universitaires démontrent clairement un risque cancérogène, (confirmé par la correspondance interne de Monsanto lors de la déclassification des archives par la justice américaine en 1999),
- enfin les petits derniers et non des moindre: les SDHi, massivement utilisés comme fongicide pour détruire certains champignons et moisissures dans tous les secteurs de l'agriculture. Pierre RUSTIN, spécialiste reconnu et 8 autres scientifiques de haut rang alertent l'ANSES sur le risque de catastrophe sanitaire avec les SDHi: pas de réaction de cette dernière "oui c'est dangereux mais vous n'avez pas de preuve de la toxicité"; de nouvelles bombes à retardement sont en ce moment disséminées dans la nature avec la complicité d'un organisme censé protéger la santé des citoyens.
Parlons de ces distances de sécurité ridicules variant de 3 à 10m selon les cultures: lorsqu'on regarde les courbes de modélisation des épandages de pesticides (sources, association Générations Futures) on s'aperçoit qu'il faut une distance de 150m pour ne plus avoir de trace du produit après l'épandage; cependant les toxiques continuent de migrer par la suite (air, sols, eau) sinon comment pourrait-on expliquer que l'on en retrouve jusqu'aux pôles !
La véritable solution repose sur un plan de sortie des pesticides pour lequel tous les services de l'état doivent s'engager en participant à la transition de l'agriculture chimique productiviste vers l'agroécologie.
En fin je ferai remarquer le fait que je n'emploie pas le terme « produits phytopharmaceutiques », utilisé lorsqu’on est poli avec les lobbies de l'agrochimie mais celui de PESTICIDES qui correspond à la réalité des tueurs du vivant.
Veuillez agréer, madame, monsieur, l'expression de mes salutations écologiques.
Dompierre/Besbre le 22-09-19
Gérard MATICHARD Président FNEA