Les OGM : entre progrès et danger, que décider ? - Document de synthèse

 

Une analyse

 

Nourrir un Tiers Monde à la démographie galopante, faire pousser du blé dans le désert, guérir toutes les maladies, rien ne semble inaccessible au génie génétique. Mais tout ce qui est génétique n’est pas pour autant source de progrès. Actuellement les avancées de la recherche sont si rapides que la Société en perd à la fois le sens et le contrôle. Les controverses sur les OGM sont extrêmement vives dans le public comme parmi les scientifiques.

Il apparaît de fortes présomptions sur des risques graves et irréversibles.

 

OGM, quels risques ?

 

Les principaux risques pressentis concernent l’environnement et la santé. Ces risques ne sont certes pas tous avérés à ce jour mais aucun ne peut être clairement écartés pour autant.

 

Risques écologiques

 

Les principaux risques écologiques concernent la dissémination de gènes.

Il existe en effet des risques pour que les gènes introduits dans les plantes cultivées soient transférés par le pollen (via le vent, via les insectes) ou par les sols (propagation horizontale via les bactéries de la rhizosphère) à d’autres espèces cultivées non transgéniques (pollution génétique des cultures) mais aussi à des espèces sauvages.

Par exemple, un colza transgénique pourrait tout à fait se croiser avec des crucifères sauvages telles la ravenelle, la moutarde noire ou la roquette blanchâtre. A noter que ces 3 espèces sont des espèces adventices, imaginons donc les conséquences du transfert d’un gène de résistance aux herbicides à ces plantes… La betterave pourrait quant à elle s’hybrider avec une espèce de betterave sauvage elle aussi adventice.

L’ensemble de la rhizosphère (bactéries et champignons du sol) pourrait être aussi menacée, voir les génomes de ses composants modifiés et permettre ainsi la transmission de transgènes à d’autres plantes. En effet, les organismes de la rhizosphère sont en relation avec les végétaux par des phénomènes de symbiose, d’échange de nutriments ….etc., et peuvent à ce titre contribuer à la dissémination de gènes

La technique de bio transformation, au-delà de son intérêt pour les producteurs d’OGM, montre ainsi qu’il est possible de voir des transgènes se propager dans d’autres plantes via des micro-organismes (ou via d’autres agents) et générer ainsi une pollution génétique des espèces végétales non OGM. La probabilité que ce type de recombinaison impliquant des OGM se produise hors laboratoire est sans doute faible mais pas nulle…

 

D’autres risques liés au flux de gènes concernent l’apparition de résistance aux antibiotiques chez des insectes ou des végétaux. En effet, jusqu’à très récemment, les cellules végétales transformées étaient sélectionnées grâce à l’incorporation d’un gène “témoin” (gène marqueur) de résistance aux antibiotiques. Ce gène permettait de ne conserver, après culture sur un milieu riche en antibiotiques, que les cellules ayant réellement intégré le plasmide transformé. Or ce gène de résistance, tout comme les autres gènes introduits dans la plante, peut être transféré à des espèces sauvages et leur conférer la capacité de résister aux antibiotiques. A noter qu’aujourd’hui, les chercheurs doivent utiliser d’autres types de gène marqueur, les OGM contenant ces gènes de résistance aux antibiotiques ne devant plus être cultivés à partir de 2005.

 

Les OGM présentent également un risque majeur, celui d’encourager une agriculture polluante au détriment des techniques classiques de sélection végétale/animale d’une part (qui ont pourtant répondu jusqu’ici aux besoins alimentaires en créant des variétés végétales et des espèces animales à haut rendement) et surtout des techniques culturales, dites alternatives, qui ne font pas appel à la chimie.

 

La théorie du raisonnement des traitements phytosanitaires, avancée par certains partisans des OGM,  pourrait être bien mise à mal face à la multiplication des phénomènes de résistance aux herbicides chez les adventices ou aux pesticides chez les ravageurs. Cette problématique devrait aboutir à l’aspersion de doses plus fréquentes et plus toxiques de produits phytosanitaires.

 

D’autres impacts pourraient affecter la biodiversité. Ce pourrait être le cas des abeilles dont la consommation de pollen les expose en premier lieu en cas de toxicité des protéines recombinantes ou de transferts de mutation génétique. La rhizosphère pourrait être elle aussi affectée. Les rôles essentiels qu’elles jouent pour les végétaux et le sol (nutrition, détoxification) pourraient être perturbés voire remis en cause.

 

Il ne faut pas négliger non plus les impacts potentiels sur les équilibres écologiques tout entier. Les écosystèmes pourraient être perturbés suite à l’introduction de nouveaux gènes qui ne seraient pas apparus autrement.

 

Risques sanitaires

 

Concernant le domaine de la santé, les risques se situent à divers niveaux.

Le risque le plus souvent avancé est celui de l’allergie. Les personnes ayant consommé des produits alimentaires à base d’OGM pourraient développer des réactions allergiques liées à une forte quantité de particules allergéniques dans ces produits alimentaires. En effet, le transgène introduit dans un organisme peut modifier son métabolisme, provoquant par exemple une accumulation de substances allergéniques, voire toxiques. Ceci pourrait tout aussi bien entraîner des troubles du comportement digestif (intoxication).

Un autre risque est celui de voir la flore du tube digestif se modifier. En effet, notre tube digestif est tapissé de bactéries qui pourraient peut-être échanger des gènes avec les plasmides “mutants” introduits dans les cellule végétales… rien à l’heure actuelle ne permet d’écarter cette hypothèse.

 

OGM, des intérêts réels?

 

Guérir

 

Les plus philanthropes d’entre nous n’auront pas manqué de noter qu’il existe des OGM à portée thérapeutique. Difficilement critiquables sur le fond, ces outils pourront-ils cependant tenir toutes leurs promesses sans générer des problèmes encore plus graves que les maux qu’ils proposent de guérir ? En effet, tous comme les OGM à finalités agricoles, leurs cultures à grande échelle semblent indispensables et qui dit “grande échelle” parle de “plein champ”…

Le coût de la création de ces OGM est-il raisonnable au regard des incertitudes qu’ils nous opposent ? Ne doit-on pas s’en tenir à des techniques plus “traditionnelles” et plus confinées de fabrication de molécules thérapeutiques (cultures in vitro, molécules de synthèse…) ?

 

Répondre à la faim dans le monde

 

Cela laisse rêveur, et convainc plus d’une personne que les OGM sont nécessaires, mais ne nous laissons pas attendrir. Les OGM ne résoudront pas le problème de la faim dans le monde, pas plus que nos excédents agricoles ne permettent à l’heure actuelle de nourrir les populations affamées.

Les lois de l’économie de marché sont cruelles et à n’en pas douter, elles n’évolueront pas de si tôt !

 

«  […] Pour le Tiers Monde ? Non ! les OGM ont été créés avant tout pour le marché occidental. […] avoir associé les OGM à des droits de culture et de reproduction ne pourra qu’accroître la dépendance et la pauvreté du Tiers Monde […] les pauvres n’ont pas besoin de riz à la Vitamine A mais de riz à la Vitamine L et M (Land and Money – terre et argent). Pour le riz à la Vitamine A (dont un individu devrait consommer plus de 2 kg sec pour avoir sa dose) c’est faire injure aux carottes et surtout aux variétés locales riches. […] ».  Les OGM qui changent le monde – éditions Flammarion - Gilles-Eric SERALINI.

 

Cultiver plus et mieux

 

L’intérêt des OGM au plan agronomique et environnemental est très discutable.

L’agriculteur a de nombreux problèmes à résoudre au niveau de son exploitation, qu’ils soient sanitaires (maladies, ravageurs…) ou climatiques (sécheresse, gel…). Il ne semble pas réaliste de penser que ces problèmes pourront être pré-résolus grâce aux OGM (résistances à certains insectes, maladies…).

Par ailleurs, une bonne application des principes et techniques agronomiques (sélection végétale classique, fertilisation raisonnée, rotations, assolements, lutte physique contre les adventices…) est nécessaire et souvent suffisante pour obtenir des rendements corrects. Il faut cesser de vouloir produire le maximum mais consentir à produire uniquement ce dont on a besoin en respectant l’environnement et la qualité des produits.

Les OGM augmentent de surcroît les impacts négatifs de l’agriculture sur l’environnement en créant des plantes mieux adaptées à l’intensification des pratiques (augmentation de la consommation de pesticides, d’engrais chimiques…). Ceci va totalement à l’encontre des réflexions politiques et économiques actuelles relatives au développement durable qui, rappelons le, doit être durable pour tous…

 

Enrichir ?…

 

On peut donc légitimement s’interroger sur les intérêts réels que présentent les OGM. Il semble évidemment qu’ils en aient certains mais pas nécessairement ceux auxquels on pourrait s’attendre.

Les OGM sont, sans conteste, intéressants pour les fabricants de semences, d’herbicides et d’engrais qui vont développer un nouveau marché très lucratif.

Les OGM sont aussi l’outil idéal dans un contexte planétaire de contrôle du vivant.

Mais si on met en perspective tout ce que la Science a déjà apporté de connaissances et de techniques concernant la fertilité des sols, la sélection des plants pour les adapter aux différents milieux, la destruction des adventices par des techniques sans pesticide (binage, faux semis…), les OGM n’ont pas réellement lieu d’être. La lutte contre les maladies et les ravageurs n’est pas un nouveau combat. Il s’opère depuis des décennies par une batterie de techniques douces, dont beaucoup viennent de l’Agriculture Biologique, qui doivent continuer à exister et être développées.

 

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