Plateforme Eau de la FRANE - 2ème partie

DEUXIEME partie : problématiques liées aux usages

 

1. Les substances polluantes et dangereuses. Prévention et assainissement :

 

La lutte contre les pollutions d’origine agricole (nitrates, phosphates et surtout pesticides) constituent un enjeu majeur en Auvergne en matière de qualité des eaux. La FRANE a fait part de ses propositions sur ce thème dans sa plate-forme « Agriculture et Environnement » à laquelle il est donc nécessaire de se référer. Ce paragraphe aborde ainsi une préoccupation plus générale axée sur la prévention d’usage en matière de produits polluants.

 

L’eau devrait pouvoir servir plusieurs fois sur son parcours. Lorsqu’après usage elle contient des matières biodégradables, l’eau peut s’épurer dans les milieux naturels lorsque leur fonctionnement n’est pas perturbé. Pour les eaux usées urbaines, la concentration en matière polluante nécessite cependant un traitement en station d’épuration.

Il existe toutefois des produits qui ne peuvent être éliminés ni en station d’épuration ni dans le milieu naturel.

La lutte contre la pollution passe par la précaution d’usage et le non rejet de ces produits.

 

L’usage des substances contenant du phosphore est le facteur déterminant de l’eutrophisation des eaux dans le milieu naturel. Les stations d’épuration ne peuvent pas éliminer les phosphates dans des proportions suffisantes pour éviter l’eutrophisation.

 

Les métaux lourds ou toxiques présents dans de nombreux produits d’usage fréquent se retrouvent dans les boues de station d’épuration et dans le milieu naturel où leur élimination est pratiquement irréalisable. Les hydrocarbures sont décelables dans de nombreux cours d’eau.

 

Les biocides ou pesticides utilisés non seulement en agriculture mais aussi par les collectivités et les particuliers se retrouvent dans l’eau et ne permettent plus une utilisation répétée de l’eau après épuration  artificielle ou naturelle.

 

De nombreuses substances polluantes, des milliers de molécules, de toute sorte, sont ainsi utilisées et contaminent les eaux. Dans l’eau, elles peuvent réagir entre elles ou former lors de leur dégradation des métabolites encore plus nocifs. Ces molécules peuvent aussi s’accumuler dans l’environnement ou les organismes vivants jusqu’à des concentrations très nocives voire mortelles.

 

Les polluants de l’eau ont des impacts sur la vie aquatique et les écosystèmes mais également sur la santé humaine. Certains sont cancérigènes, d’autres perturbent le développement neurologique, la reproduction, la croissance, le fonctionnement endocrinien, ou encore sont mutagènes…

 

Une mise en garde du public et des différents usagers à l’égard des produits dangereux et persistants est nécessaire. Par ailleurs la réglementation de leur commercialisation et de leur usage devrait être renforcée.

 

2. L’alimentation en eau potable

 

L’eau potable distribuée en Auvergne provient essentiellement de ressources souterraines : captages de sources, exploitation des principales nappes d’eau profondes (Devès et Chaîne des Puys), et des nappes alluviales (rivière Allier)… Certaines de ces ressources, notamment les sources d’altitude sont particulièrement fragiles et leur exploitation peut leur être préjudiciable. Il convient donc d’utiliser en priorité les ressources les moins fragiles, notamment les nappes alluviales, et les ressources de proximité.

Compte tenu des épisodes de sécheresse et de la dégradation de la qualité des eaux, la recherche de nouvelles ressources se développe, leur exploitation pouvant porter atteinte aux milieux et à la ressource elle même. Il importe donc de privilégier les économies d’eau.

 

Les captages en nappe alluviale : exploitation d’une ressource fiable en qualité et en quantité mais à préserver

 

La principale ressource en eau de l’Auvergne est constituée par les nappes alluviales des rivières. Ces nappes recueillent, en fin de course, toutes les eaux de leur bassin et sont souvent d’une grande capacité de stockage (environ 2 milliards de m3 pour la nappe de l’Allier). Leur exploitation offre ainsi le meilleur potentiel de productivité avec un impact moindre sur le milieu aquifère.

 

Les alluvions qui contiennent cette ressource en eau ont, de plus, un fort pouvoir filtrant et la qualité de l’eau peut y être très bonne.

 

En matière d’alimentation en eau potable, un effort est donc à faire pour préserver et utiliser cette ressource, et la restaurer tant sur le plan qualitatif que quantitatif. On peut citer, parmi d’autres, la nappe du Cher qui ne peut plus subvenir aux besoins d’alimentation en eau potable faute d’une restauration convenable à la suite des extractions et des enrochements de berges. Sur l’Allier, la ville de Vichy pompe une grande partie de son eau potable directement dans la rivière pour avoir abandonné ses champs d’alluvions aquifères à d’autres usages comme l’urbanisation, ou encore l’extraction des granulats.

 

Dans la nappe d’une rivière divagante, les puits de captage ne doivent pas être exposés à l’érosion et ne pas susciter de protection de berges qui nuisent gravement à l’aquifère.

Ainsi, les champs captant situés dans la zone de divagation du lit, et de ce fait menacés, doivent être déplacés tel que le prescrit d’ailleurs le SDAGE Loire-Bretagne(§VII 6.3.3).

 

Les captages en zone d’altitude : exploitation d’une ressource fragile

 

Les captages des sources d’altitude sont nombreux et souvent excessifs, l’exploitation de ces ressources fragiles n’étant pas réservée uniquement aux populations locales de montagne mais aussi destinée à alimenter des agglomérations de fond de vallée.

 

Or l’approvisionnement des agglomérations de fond de vallée par ces captages présente plusieurs inconvénients :

 

- il nécessite la pose de conduites d’eau sur de longues distances.

 

 - il assèche partiellement ou totalement le milieu naturel aquatique à l’aval des captages et modifie le régime des eaux des ruisseaux en tête de bassin. Cet approvisionnement prive aussi les populations de l’aval immédiat  d’une ressource nécessaire à la vie et à l’économie locale (élevage…) ; cette eau leur est prélevée en importante quantité et restituée parcimonieusement moyennant finances.

 

De plus, ce type d’approvisionnement est peu logique en ce sens que la ressource en eau des crêtes de bassin est moins abondante que plus bas et que c’est elle qui est le plus précocement touchée par l’étiage, étant moins résistante à l’assèchement que les aquifères des fonds de vallées qui sont entretenus plus longtemps par les écoulements gravitaires.

 

Les captages des sources d’altitude doivent donc être réservés à des usages de proximité qui ne détournent l’eau de son cycle naturel que partiellement et sur de courtes distances.

 

Préconisations pour les 2 types d’adduction :

 

> Il faut préconiser l’usage d’une ressource en eau de proximité pour que l’eau soit restituée le plus tôt possible à son milieu naturel d’origine, respecter l’hydrologie de ce milieu et permettre au plus vite la reprise du cycle où l’eau se régule et se régénère. L’usage de proximité incite la population à mieux préserver sur place les aquifères.

Envoyer l’eau loin au moyen de conduites correspond à une sous-utilisation de la ressource car elle ne sert pas et ne se régénère pas plusieurs fois sur son parcours. L’adduction à longue distance entraîne aussi, le plus souvent, le transfert d’eau d’un bassin sur un autre.

 

> Lorsque cet usage de proximité n’est pas réalisable, il est souhaitable, dans la mesure du possible, que l’adduction se fasse de l’aval vers l’amont (sur des distances raisonnables) pour plusieurs raisons :

 

- les aquifères sont souvent plus abondants à l’aval qu’à l’amont et de ce fait l’impact d’un prélèvement y est moins prononcé.

 

- l’eau est remise sur son cycle antérieur, ce qui permet une deuxième fois son utilisation et sa régénération sur le parcours entre son point d’utilisation et son point de prélèvement.

 

- le principe d’adduction de l’aval vers l’amont incite les utilisateurs à traiter convenablement leurs rejets dans le réseau hydrographique qui les approvisionne.

 

 Face à des projets de nouveaux captages, il importe de vérifier les besoins en eau réels. Ces besoins sont souvent surestimés (la consommation moyenne par habitant est stabilisée et plutôt en baisse).

La recherche de nouvelles ressources devrait être orientée vers les terrains détritiques de fonds de vallées où la ressource est généralement plus abondante et moins fragile. Les aquifères détritiques sont à inventorier et à protéger d’activités ou d’occupations (telle l’urbanisation) qui les rendraient inexploitables dans le futur. En particulier, toutes les nappes alluviales seraient à inventorier et leurs emprises seraient à protéger de toutes constructions ou infrastructures nouvelles et des extractions de matériaux.

 

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