(D’après Pervanchon et Blouet 2002, sites du CIRAD, Ministère, INRA principalement...)
« Agriculture »
« culture des champs » (XIVe siècle), « art de cultiver la terre », « ensemble des travaux transformant le milieu naturel pour la production des végétaux et animaux utiles à l'homme »
« Conventionnelle », « intensive », « systématique », « chimique », « dominante »
forme d'agriculture actuelle et majoritaire en Occident, relativement récente (années 50). Connotation péjorative du fait des effets néfastes reconnus sur les sols, l'eau etc...
« Familiale », « vivrière », « de subsistance », « paysanne »
forme d'agriculture majoritaire au niveau mondial, qui nourrit beaucoup de population et que l'expansion de l'agriculture intensive met en danger (localement et à distance via la concurrence). L'agriculture paysanne est active en France (syndicat « confédération paysanne ») et défend entre autres la propriété des semences par le paysan, le respect de l'environnement et la possibilité de vivre dans des exploitations à taille humaine. Ceci à l'échelle locale et mondiale (solidarité).
« Durable » « soutenable » // « intégrée » « diversifiée » « alternative » // « citoyenne » « solidaire »
formes différentes d'agriculture mises en avant : les 2 premières constituant un objectif à atteindre (efficacité + préservation de l'environnement pour nos enfants), les moyens étant à décliner ; les 3 suivantes associent à la notion de production agricole, les notions de respect, viabilité, préservation des ressources naturelles et correspondent à des agricultures de conversion. Enfin les dernières incluent un ancrage territorial fort, l'agriculture étant au centre du développement rural. Tous ces aspects peuvent s'associer dans un cadre bien défini.
« Raisonnée »
terme proposé en 2002 pour améliorer le système dominant (recherche de productivité) avec une rationalisation des intrants pour diminuer les impacts négatifs. Cette forme n'a pas fonctionné et les plans « ECOPHYTO » actuels représentent la suite de cette démarche.
« Agriculture Biologique »
(synonymes = « agrobiologie », « agriculture organique » des anglo-saxons, dérivant d'une forme d'agroécologie philosophique lancée dans les années 20 = « biodynamie ») : elle s'est réellement individualisée dans les années 50-60 sur la base de concepts d'agroécologie (respect d'objectifs écologiques, agriculture à échelle humaine ancrée dans les territoires). C'est devenu après 1990 « un mode de production agricole reconnu (cahier des charges et certification) garantissant la mise en œuvre de techniques respectueuses de l'environnement et du bien-être animal. Entre autres l'AB s'interdit l'usage de produits chimiques de synthèse. ». La définition européenne actuelle tend à être réductrice (définition surtout technique = pas d'intrants de synthèse) et à occulter les objectifs agroécologiques initiaux.
« Agriculture de conservation » « Agriculture de carbone » « Agroforesterie »
forme protégeant au maximum les sols (pratiques de couvert végétal permanent, haies et enherbements, avec semis direct, non labour, terrasses dans les reliefs, maintien sur place de 30 % des résidus de cultures....). En fait ce sont des modes d’exploitation qui permettront au sol de se régénérer et de jouer son rôle de « puits de carbone » (ex initiative 0,4%), aussi dénomme-t-on aussi cette agriculture « agriculture de carbone ». L'association à la présence d'arbres (avec leurs racines et leurs champignons) est optimale (« agroforesterie »).
« Agriculture permanente » « Permaculture »
notion développée depuis les années 1970-1980 « système intégré et auto-évoluant de certaines familles de plantes pluriannuelles qui s'ensemencent elles-mêmes et d'animaux utiles à l'homme et au système ; tout l'ensemble, y compris l'habitat humain, constitue un écosystème complet qui s'entretient lui-même (1985) ». L'homme exerce une fonction de contrôle de ce système qui s'autogère. L'expression « agriculture permanente » est synonyme de « permaculture », et c'est une des variantes de l'agriculture pérenne. Ce type d'agriculture peut s'adapter à de petites surfaces et générer de bons rendements (potagers) et peut aussi contribuer au développement de « l'agriculture urbaine, périurbaine ou interstitielle ».
« Agroécologie » : Beaucoup de définitions… Trop ?
Ainsi, ce terme désigne « l’application des concepts et des principes de l’écologie à l’étude, la conception, et la gestion d’agroécosystèmes durables » (années 1980-1990), cette agriculture est basée sur une « imitation de la nature » soit « un ensemble de pratiques agricoles qui recherche des moyens d'améliorer les systèmes agricoles en imitant les processus naturels, créant ainsi des interactions et synergies biologiques bénéfiques entre les composantes de l'agroécosystème »
Pour certains : c'est plutôt une science entre agronomie, biologie et écologie, basée sur des observations, réflexions avec une réelle démarche scientifique etc....
Pour d'autres : c'est un ensemble de pratiques agricoles, constituant les écosystèmes cultivés ou agroécosystèmes selon les auteurs.
« L’agro-écologie est une façon de concevoir des systèmes de production qui s'appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes »
« Démarche scientifique attentive aux phénomènes biologiques qui combine développement agricole et protection/régénération de l’environnement naturel. Elle est à la base d’un système global de gestion d’une agriculture multifonctionnelle et durable, qui valorise les agro-écosystèmes, optimise la production et minimise les intrants. »
Les aspects alimentaires sont aussi mis en avant (2000-2003) : « C'est une science d’application des principes et concepts de l’écologie pour la construction de systèmes alimentaires durables »
On passe dans les années 2008-2010 à des notions de rentabilité dues au fait que ces systèmes pourraient effectivement devenir très performants !! On est dans un cadre d'innovation technique..... « C'est la recherche des moyens d’améliorer les performances environnementales et techniques des systèmes agricoles en imitant les processus naturels, créant ainsi des interactions et synergies biologiques bénéfiques entre les composantes de l’agroécosystème » (2011). Nous ne sommes plus très loin de l'Agriculture écologiquement intensive (voir plus bas).
Il ne faut surtout pas perdre de vue l'avis de Pierre Rahbi, promoteur de l'agroécologie en France : celle-ci se situe au-delà « d’une simple alternative agronomique. Elle est liée à une dimension profonde du respect de la vie et replace l’être humain dans sa responsabilité à l’égard du vivant ».
On peut positiver en considérant que l'agroécologie est une démarche commune, appliquée dans différentes pratiques agricoles, compatibles avec la préservation des écosystèmes, et ainsi optimisées : agriculture biologique, de conservation et agroforesterie, voire permanente et paysanne (« agroécologie = approche écosystémique du développement agricole qui s'inspire des techniques traditionnelles des paysans pour en tirer des connaissances scientifiques modernes ».
Il ne faudrait pas que devant l'absence d'une définition concrète et consensuelle de l'agroécologie (critères objectifs : par exemple ce produit agricole correspond à quels critères qualitatifs que je souhaiterais en tant que consommateur ?), on ait tendance à opposer cette forme d'agriculture à ce qui existe (Bio, paysan, conservation, permanente.....), il faut à tout prix concrétiser cette notion et créer des synergies.
« Agriculture écologiquement intensive »
CIRAD 2008-2011 : agriculture qui « doit s'appuyer sur les processus et les fonctionnalités écologiques qui permettent de lutter contre les bio agresseurs, de réduire les nuisances, de mieux valoriser les ressources rares, comme l'eau, ou encore d'améliorer les services écologiques (stockage du carbone, diversité biologique, prévention des catastrophes dites naturelles) ». L'AEI est alors l'exact synonyme d'« intensification écologique »
On parle de performance avant d'entrer dans la transition ? Serait-ce pour attirer les conventionnels dans la démarche ? Ils vont répondre technologie…
Retrouvez le dictionnaire de l'INRA dédié à l'agroécologie ici!