Projet : Tous les bénéfices de l'Agriculture Biologique (AB) sont valorisés, dont les apports à la société (santé, emplois, aménagement du territoire) et cette filière va être encouragée par le programme Ambition Bio 2017. Ce projet vise à conforter les aides attribuées sur la période 2014-2020 avec les objectifs d'augmenter la surface en Bio, de favoriser les conversions, de participer à la sensibilisation de tous et d'agir à tous les niveaux de la chaîne alimentaire (transformation, distribution, restauration) enfin de renforcer recherche et enseignement...
Commentaire : Tous ces objectifs sont très positifs pour la Bio. Cette filière commence à interpeler par le nombre de consommateurs qu'elle touche. Dans ce chapitre ne sont pas évoqués les freins actuels au développement du Bio et il est simplement prévu « de mieux prendre en compte les spécificités du Bio dans la réglementation », il faut espérer que ceci va être efficace sur ces freins..... Par exemple les produits Bio ont la réputation d'être chers, alors que si l'on rémunérait les services ou externalités générées par rapport au conventionnel, ce ne serait plus le cas (qualité du sol et résilience par rapport aux aléas et ravageurs, absence d'apports polluants dans l'eau et le sol...).
Les activités de transformation et de vente en circuit court par le producteur (avec forcément dans ce cas le concept de « Bio et Local ») lui permettent de mieux vivre, sans intermédiaires. Il ne faudrait pas que ceci soit trop attractif pour l'industrie agroalimentaire (la phrase : « développer l'AB en augmentant la production et en permettant aux produits d'être transformés, puis commercialisés et achetés » interpelle en effet). L'organisation actuelle de l'agriculture, entre syndicats agricoles et grandes coopératives dans les instances dirigeantes, en plus d'une présence importante des firmes d'agrofourniture (exclusivités pour les semences, les fertilisants et produits phytosanitaires...) ne favorisent pas l'apparition d'agricultures alternatives. On est arrivé à une véritable industrialisation de l'agriculture, qui ne demande qu'à se développer encore. Ainsi certains en Auvergne n'hésitent pas à proposer « l'industriel local » en s'intéressant de près à la distribution de « paniers » en conventionnel, de produits industriels locaux, pouvant aussi bien être qualifiés de locaux qu'exportés selon le contexte...
Seule une politique publique forte pourrait permettre de lever certains freins et il faut avoir conscience que les pratiques agro-écologiques vont rencontrer les mêmes freins, pourquoi dans ce projet traiter à part le Bio alors que par définition même il s'agit d'une pratique d'agro-écologie, déjà bien rodée ? (peu d'intrants, lutte biologique et amélioration des sols par rotations et cultures associées).
En Auvergne, fin 2014, 994 exploitations sont en AB ou en conversion, ce qui représente 50 226 hectares certifiés. En 2015, il y a eu 137 nouvelles démarches. Sur 23 500 exploitations en Auvergne, cela représente toujours moins de 5% des exploitations. On peut se demander si cette dynamique va persister dans un contexte régional peu favorable, avec des exploitations de plus en plus grosses et peu diversifiées et des agriculteurs en AB toujours marginalisés.